Vin de l’Arménie
Si un jour vous entendez parler de l’Arménie comme du « berceau du vin », ne soyez pas étonné car c’est vraiment le cas. Lorsque l’Arche de Noé s’est arrêtée sur le Mont Biblique Ararat, Noé a planté les premières vignes dans la vallée d’Ararat.
Madame Varduhi Tovmasyan représente le vin Zorah Karasi Areni Noir (clic), fabriqué à partir de raisins provenant de la région d’Areni, qui a été classé dans le top 10 de la liste de Elin McCoy.
Le chroniqueur de Bloomberg, Elin McCoy, a déclaré que le top 10 a été réalisé à partir d’une liste de 4000 vins. « J’ai été impressionné par le goût de ce vin arménien, un rouge élégant fait à partir de raisins noir et vieilli dans des amphores d’argile », a déclaré Elin McCoy. « L’élégance soyeuse, la douceur des fruits accompagnée d’une note sauvage définissent ce vin. Il est fabriqué dans la région d’Areni, où des archéologues ont découvert la plus ancienne cave du monde, vieille de 6100 ans », a ajouté McCoy.
Après plusieurs voyages en Arménie, Zorik Gharibian, un Arménien vivant en Italie, a décidé d’acheter un vignoble en Arménie, au lieu d’investir en Toscane. Il a ainsi fabriqué ce vin afin de mettre en avant le potentiel de l’Arménie en matière de création. Il vit aujourd’hui à Milan avec sa femme et ses deux enfants.
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ARENI NOIR
L’énigmatique Areni Noir est un cépage indigène particulière à la région Yeghegnadzor. Cultivé sur les racines non greffés originaux, cette vigne est resté inchangé depuis des siècles. L’éloignement de la région, l’absence de phylloxéra et l’isolement de l’agriculture moderne à l’époque soviétique, a conservé pratiquement intact le génome d’origine de cette ancienne variété de vigne.
Unique dans sa capacité à s’adapter parfaitement aux climats continentaux et extrêmement résistantes aux maladies, l’Areni Noir, au cours du temps, a développé une peau très épaisse qui, tout en aidant à maintenir l’élégance et la fraîcheur du raisin, il protège également contre les variations de température drastiques jour / de nuit présents pendant les mois d’été à de telles altitudes.
Les raisins Areni Noir provenant de nos vins (provenant des vignobles abandonnés d’un monastère voisin XIII siècle), sont le résultat d’années de sélection de champ intense et méticuleux et sont, par conséquent, l’expression contemporaine la plus pure de ce cépage.
Laetitia ©armenews.com
Avec une histoire six fois millénaire, la viticulture du plus ancien Etat chrétien mérite une place de choix.
La culture de la vigne en Arménie remonte aux temps préhistoriques”, rappelle le journal arménien Golos Armenii. En 2011, une équipe d’archéologues arméno-américano-irlandais a mis au jour dans une grotte de la région viticole de Vaïots Dzor, frontalière avec l’Iran et la Turquie, les vestiges de la plus ancienne unité de production de vin connue à ce jour, qui aurait plus de 6 000 ans.
L’historien grec Hérodote ne tarissait pas d’éloges sur le vin arménien. A partir des IIe et Ier siècles avant notre ère, la production atteint un niveau élevé et le vin s’exporte à travers la Méditerranée. Un autre historien grec, Xénophon, raconte dans le livre de l’Anabase que ses soldats se régalaient de vin arménien “fort” car “les Arméniens ne le diluent pas avec de l’eau comme le font les Grecs”.
L’Arménie devient en 301 le premier Etat officiellement chrétien. La culture du vin y est désormais étroitement liée à l’avènement du christianisme, puisque le vin est “le sang du Christ”. A la chute du royaume d’Arménie, au VIIe siècle, les nouveaux maîtres arabes interdisent la consommation de vin. Les invasions des Turcs seldjoukides au XIe siècle, puis le contrôle tantôt ottoman, tantôt perse du pays interrompent la production durant des siècles. “Dans aucune autre région du monde, aucun peuple n’a autant défendu la culture de la vigne et le vin malgré les risques encourus, comme ce fut le cas en Arménie durant dix siècles, poursuitGolos Armenii. Mais il n’a pu qu’assurer la survie de sa tradition viticole, sans parvenir à la développer.”
Après l’incorporation de l’Arménie dans l’Empire russe en 1828, la viticulture cesse d’être une activité strictement domestique et monastique, pour devenir une industrie. La construction en 1902 d’une ligne de chemin de fer vers la Russie permet d’exporter vin et brandy arméniens vers la Russie et l’Europe. Dans les pages du magazine Yerkramas, le président de l’Union des viticulteurs d’Arménie, Avag Aroutiounian, rappelle qu’au cours du dernier siècle “le pays a connu six périodes de crise” au cours desquelles la tradition viticole a dû faire face à des changements géopolitiques radicaux. La Première Guerre mondiale a notamment privé l’Arménie d’une partie de son territoire, et une grande partie des vignobles de la vallée d’Ararat s’est retrouvée en territoire turc.
La soviétisation de l’Arménie et la nationalisation des vignobles ont porté un coup dur au secteur bien que, dans les années 1930, les volumes de production aient augmenté, tendance interrompue par la Seconde Guerre mondiale. La campagne contre l’alcoolisme lancée par Mikhaïl Gorbatchev en 1985 a été une dure épreuve. “Les vignobles ont été saccagés massivement et sans pitié”, réduisant de moitié, soit à 45 millions de litres, la production de vin en Arménie.Dans les années 1990, marquées par une crise économique postsoviétique et par la guerre pour l’indépendance du Haut-Karabakh, la superficie des vignobles a fortement diminué, “divisant par vingt la production de vin”. Le vin arménien a “rarement connu une crise aussi profonde”, due notamment au blocus du pays par la Turquie et l’Azerbaïdjan. La fermeture des voies de communication interdisait les exportations, dont 97 % étaient destinées à la Russie et à l’Ukraine, elles-mêmes en crise économique.Même si, à partir de 1998, la production a commencé à croître, le vin arménien “n’était pas conforme aux normes internationales et souffrait d’une image négative”.
Une situation due notamment à la “division du travail” au sein de l’Empire russe puis de l’URSS : la Géorgie était essentiellement le pays du vin, l’Arménie celui du brandy [assurant 25 % de la production de brandy en URSS, la Yerevan Brandy Company a reçu, lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris, le droit d’appeler son brandy “cognac”. Elle est devenue une filiale du groupe français Pernod-Ricard en 1999]. Aujourd’hui, les producteurs de vins arméniens ne bénéficient d’aucun soutien de l’Etat et subissent les prix prohibitifs du transport (en raison du blocus du pays), ainsi que le manque de spécialistes qualifiés.Vaghé Keouchgouerian, producteur interrogé par le magazine économique arménien Express, ne perd pas espoir : “Les vins sont aujourd’hui divisés en deux groupes : ceux de l’Ancien Monde (Europe) et ceux du Nouveau Monde (Amériques, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie). L’Arménie n’en fait pas partie. Sachant que la production de vin dans notre pays a une histoire six fois millénaire, nous devons nous créer une niche et persuader le monde que l’Arménie mérite une place dans l’histoire mondiale du vin.”
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