DGC Côtes de Provence Notre Dame des Anges by Julia Scavo

Le Côtes-de-Provence Notre-Dame-des-Anges est une dénomination géographique complémentaire de terroir de l’AOC Côtes-de-Provence dont le vignoble est situé autour du sommet de Notre-Dame-des-Anges dans le massif des Maures, dans le centre du département du Var.

Notre-Dame-des-Anges : une dénomination viticole en devenir - Var-Matin Photo: Var Matin – Photo à la une: Epicurien du sud

 

DGC Côtes de Provence Notre Dame des Anges by Julia Scavo

Retour sur le lancement  de la Dénomination Géographique Complémentaire Côtes de Provence Notre Dame des Anges, évènement organisé le 21 septembre sur le site du sanctuaire homonyme à Pignans. Ce monument impressionnant de le diocèse de Fréjus-Toulon, créé en 517 par le fils de Clovis, Thierry 1er est gardé avec amour depuis 2001 par Communauté des Frères Franciscains de l’Immaculée.

Il a fallu emprunter une route sinueuse et accidentée, traverser les bois qui sentaient la rosée du matin imprégnée par les odeurs de chêne vert et liège, de mousse, de champignon, de terre fraiche, pour accéder au site, à 780 m d’altitude. C’est là où nous comprenons le lien avec la nouvelle DGC, car ce petit massif est visible depuis pratiquement tous le territoire de la dénomination, il domine depuis toujours l’esprit des vignerons qui n’hésitaient pas à en faire des allusions sur les cuvées « des anges », en parlant de leurs « vendAnges » etc.

Après la visite animée par le Syndicat des vins de Côtes de Provence en début de journée, nous sommes remontés au sanctuaire pour une dégustation des vins rosés Côtes de Provence Notre-Dame des Anges, millésime 2019, servis par les vignerons. Un déjeuner dans le cloitre du Sanctuaire a été ensuite servi à plus de 100 convives : vignerons de l’appellation, professionnels de la filière et les élus du territoire des 10 communes sur lesquelles s’étend la DGC.

10 communes, environ 400 producteurs, 7 caves coopératives, 50 caves particulières, voici la structure du marché pour cette nouvelle DGC promue en Rosé et Rouge uniquement. Sur une superficie de 2900ha seuls 320ha sont en production de cette dénomination à laquelle les vignerons songent depuis 2003. Depuis 2012 ils y travaillent de manière constante selon les normes qui feront naitre la DGC pour son premier millésime en 2019.

Bien que cela pourrait être compliqué pour le client de s’y retrouver avec les nouvelles DGC en Provence depuis 2005, il est important de préciser que l’appellation ne prend pas en compte seulement la notion d’un terroir qui s’avère distinct, mais lui impose aussi des normes plus strictes qu’en Côtes de Provence. Rendement de 50 hl/ha au lieu de 55 hl/ha,  l’âge des vignes est remonté à 4 ans contre 3 ans en Côtes de Provence, ainsi que le titre d’alcool minimum qui est de 11,5% vol. au lieu de 11% vol. Cela ne pose point de problème dans le cadre du réchauffement climatique actuel, mais s’inscrit dans la logique des appellations stratifiées. Les rosés sortent sur le marché en même temps que les Côtes de Provence de la même couleur, seuls les rouges sont contraints à un vieillissement N+1 par rapport à l’année de la vendange, sans élevage spécifique pour autant, ce qui explique qu’à l’heure où nous dégustions, seuls les rosés étaient disponibles.

Si en Côtes de Provence la production du Rosé arrive maintenant autour de 90-92%, ici elle descend à 85%. Tous les vins sont des assemblages, avec moins d’aptitude considérée pour les Cabernet Sauvignon et le Mourvèdre, mais la Syrah est un élément qui se montre très intéressant. Le trio Grenache Noir, Cinsault et Syrah triomphe. Bien que les blancs ne soient pas classés pour l’instant (le projet peut évoluer dans l’avenir), le Rolle est majoritaire, pouvant entrer aussi dans les assemblages des rosés.

Premier arrêt de notre visite se fait aux pieds des pentes des Massifs de Maures. Il est temps d’avoir un cours complet de géologie par Mireille Conrath, œnologue du Syndicat des Côtes de Provence. Commençant par la base hercynienne plus de 300 millions d’années, cela s’est érodé à travers le Permien pour enfin sédimenter leurs détritus et dépôts tout au long de la dépression dite Permienne. Puis la France a été envahie par la mer secondaire qui a créé les fameux sédiments calcaires que l’on peut admirer davantage du côté de la Sainte Victoire. A cette époque, la France se situe sur des latitudes tropicales, la mer ressemble à un lagon peu profond, lumineux, propice au développement de la vie marine et surtout aux éléments coquillières.  Ainsi, toutes ces couches hercyniennes et les détritus permiens ont été recouverts de couches calcaires. Lorsque les Alpes ont émergés après les Pyrénées au début de l’ère tertiaire, ces couches se sont entremêlés et ont fait sortir l’ancienne base, tandis que le calcaire continuait de s’éroder. Ainsi, ce premier secteur propose des schistes du Massif des Maures qui se sont transformés à l’époque par des pressions et des températures importantes, venant recouvrir le grès compacté avec des détritus permiens. A cela s’ajoutent des colluvions recueillies dans les zones environnantes.

Le milieu naturel est délimité depuis les contreforts des Maures jusqu’au fond de la dépression permienne (non classée) et aux confins des collines calcaires. Les sols sont filtrants, en pente douce, avec une texture argilo-sableuse/ sablo-argileuse sans limons, car ils ont été charriés au long du temps.

Deuxième terroir, « la corniche calcaire » se trouve à l’opposé du pic de Notre Dame des Anges.
Ici, les sédiments et les détritus du Permien sont pour la plupart présents et la couleur du sol est plus proche de la lie de vin avec des nuances pourpres. Le sable permien s’est compacté en grès ou a formé les dépôts nommés « Pelite » sous l’eau, prenant des teintes différentes selon l’oxygène présent qui oxydait plus ou moins le fer. Ce phénomène explique en fait la couleur de la plupart des roches ici. La colluvion calcaire est ensuite venu enrichir le sol de pierres assez récentes (elles ne sont pas roulées et arrondies mais ont des angles distincts ce qui nous indique leur âge récent). Cela apporte beaucoup de capacité de drainage et d’alcalinité au sol.
Nous n’avons pas visité les deux autres terroirs : le sable pur entre Vidauban et Le Cannet des Maures et les galets roulés entre Vidauban et Pignans.

Le massif des Maures coupe aussi les influences maritimes. Car il beau de parler des cailloux, mais la composante climatique est essentielle. La délimitation de la DGC parait sembler à une lentille qui se resserre vers Fréjus et à nouveau vers Carnoules. Bien qu’à l’écart de la Méditerranée, sa climatologie est plus douce que du côté de la Sainte Victoire ; chaud en été, frais en hiver avec 850-950 mm de précipitations qui tombent notamment au printemps et en automne.  Nous n’avons pas ici la même précocité que sur le littoral, le cycle entant rallongé de quelques jours.

Il est temps de goûter maintenant. Ces terroirs corrélés avec plus de continentalité que la côte et moins que la Sainte Victoire sont censés offrir une acidité plus élevée que le littoral, mieux préservée par le long cycle de maturité, moins dégradée, en tout cas, mais pas aussi vive que le terroir de la Sainte Victoire. La majorité des vins témoignent d’un itinéraire réducteur déclaré et d’un travail révélateur des thiols aromatiques. L’année 2019 ne semblait pas vouée à ce style sur bien d’autres terroirs de la Provence, car une année chaude relativement précoce. L’impact climatologique de l’aire de la DGC fait que si sur les terroirs plus maritimes les premiers coups de sécateurs ont été donnés le 15 août, en Notre Dame Des Anges le cycle a été rallongé de quelques jours. Des amplitudes thermiques avec des nuits plus fraîches ont permis de mieux préserver non seulement les acidités mais aussi ces précurseurs d’arômes tant souhaités dans les rosés. Les acidités semblent souvent plus élevées, de ressenti frais pour des rosé Provençaux dotés souvent d’une acidité modérée.

Nous n’avons pas goûté les rouges (pas encore sur le marché pour 2019 comme expliqué antérieurement), mais d’après les explications,  les tanins doivent être plus fermes que dans les terroirs maritimes venant renforcer la perception de fraîcheur.

Le domaines des Côtes de Provence-Notre-Dame des Anges : Le Cellier des Trois Pignes, Pignans – Le domaine de l’Heure Bleue, Gonfaron – Le SCEA Château Réal d’Or, Gonfaron – Les Vignerons de Gonfaron – le Château Demonpère, le Luc-en-Provence – le Château Lauzade-Seneclauze, le Luc-en-Provence – le Château des Bertands, le Cannet des Maures –Les Vignerons du Luc – le SCEA château Reillanne , le Cannet des Maures – Le domaine de la Fouquette, Les Mayons – Le Château Matheron, Vidauban – les Maîtres Vignerons de Vidauban – le Château Julien d’Aille Vidauban – le Cellier des Archers, les Arcs-sur-Agens – Estandon Coppérative de Provence, Brignoles

Rosé des Anges – Le Cellier des Trois Pignes – Pignans Cisault/Grenache Noir/ Syrah

Frais, au nez de groseille, framboise, avec une touche de pamplemousse, de pomelo. Sec, d’acidité moyenne à plus, alcool moyen, le palais semble zesteux, sur le pomelo surtou ce qui lui confère un ressenti de fraicheur.

Domaine de l’Heure Bleue – Gonfaron Grenache Noir/ Cinsault/ Syrah/Rolle/ Ugni Blanc

Nez centré sur le pamplemousse, avec des touches florales, agrumes, un vin sec, d’acidité élevée dans un style croquant zesté.

Château Real d’Or – Gonfaron Cinsault/ Grenache Noir/Syrah

Crémeux, épicé, aux notes douces de pêche. Le palais est sec, d’acidité moyenne, épicé, légèrement phénolique, ce caractère provenant de la barrique surtout. Finale épicée.

Vignerons de Gonfaron – Gonfaron Grenache Noir/ Cinsault/ Rolle/Tibouren 

Réductif, avec une présence de SO2, sec, d’acidité présente, phénoliques provenant en partie de la proportion qui passe en fût, peu de fruit, de finale zestée, épicée.

Château des Bertrands – Canet des Maures Grenache Noir/ Cinsault/ Rolle/ Carignan

Couleur pale nacrée, nez intense, aux arômes de fleurs blanches, fruits rouges, vanille et crème, sur fond de fraise de bois. Sec d’acidité moyenne, ses phénoliques provenant du bois se fondent dans la texture large, riche. Un profile mur, épicé, son toucher semble être impacté par lies, lui donnant une note savoureuse aussi.

Château Demonpère – Le Luc-en-Provence 70% Cinsault/ 30% Grenache Noir

Pale, argenté, nacré. Fin et floral, aux senteurs de fin végétal -hérbal, zesté. Sec, d’acidité moyenne, texture légère, les épices, ses zestes donnent du relief le guidant vers une finale fleurie, poivrée, zestée.

Château Reillanne – le Canet des Maures Grenache Noir/ Cinsault/ Rolle 

Robe saumonée pale. Style impacté par les thiols aromatiques avec une pointe hérbale et florale, rappelant le buis en fleur, vient ensuite le pamplemousse. Palais sec, d’acidité moyenne plus, sans phénoliques, l’alcool moyen est digest, le style herbal, thiolé, centré sur le pamplemousse et ses zestes.

Domaine de la Fouquette – Les Mayons Syrah/ Mourvèdre/ Grenache Noir/ Cinsault 

Rosé nuance pêche pale, comme un pétale de rose, de caractère nettement thiloé, il expose le  pomelo, les zestes de pamplemousse dans un style légèrement réductif. Sec acidité moyenne plus, alcool moyen, son ressenti est zesté, finale sur des phénoliques, épices, poivre.

Château Matheron – Vidauban 50% Cinsault/ 40% Grenache Noir / 10% Syrah

Réductif, mêlant un fruit rouge discret et le pomelo. Sec et soyeux, d’acidité fondue, il reste néanmoins digeste et salivant par son caractère zesté, la finale est centrée sur le pomelo, la peau d’agrume, d’un style sapide.

Les Vignerons du Luc  – Luc en Provence « Baleti »  50% Grenache Noir/ 40%Cinsault/ 10% Syrah

Au nez de pomélo, de pamplemousse, un rosé vivace, d’acidité élevée,  zesté, salivant. Agrumes, pêche, groseille, le ressenti des amers des zestes impacte le toucher sinon suave.

Cellier des Archers – Les Arcs- sur- Argens Grenache Noir/ Cinsault/ Syrah

Au nez de pamplemousse, pomelo, agrumes, un vin sec, d’acidité moyenne à plus, de ressenti frais, à la finale zesté.

Les maîtres vignerons de Vidauban – Vidauban Grenache Noir/ Syrah

Réductif, thiloé, aux notes de pamplemousse, de buis. Palais sec, d’acidité moyenne a plus, sur des tonalités de zestes portant des petits amers, l’ alcool est modéré, digeste, la texture lisse, finale sur la peau d’agrumes.

Estandon Coopérative de Provence – Brignols Grenache Noir/ Cinsault/Syrah

Simple, aux fruit rouges et thiols aromatiques. Sec de ressenti frais, texture lisse et légère, sans phénoliques, finale zestée.

Les vins des Château Lauzade- Seneclauze au Luc-en-Provence et Château Saint Julien d’Aille au Vidauban n’était pas disponibles à la dégustation.