Voyage initiatique en Piémont par Denis Camel

Voyage initiatique en Piémont

1er jour

Domaine Aldo Vajra –  25 – Fraz. Vergne 12060 Barolo

Domaine Paolo Scavino –  Via Alba Barolo, 157 12060 Castiglione Falletto                                                          

Domaine Gaja  BARBARESCO                                                                                                             

Distillerie Romano Levi NEIVE                                                                                                                    

Casa di Milly Maison Bera Alba

2e jour

Domaine Mongioia Frazione Valdivilla, 40 – 12058 Santo Stefano Belbo

Domaine La Spinetta Via Annunziata 17 / 14054 Castagnole Lanze

Domaine Sottimano Località Cottà, 21, 12052, Neive

Domaine Conterno Fantino Via Ginestra 1 – 12065 Monforte d’Alba

 

Nebbiolo : pour les néophytes, ce cépage pourrait rappeler le pinot noir de Bourgogne pour son grain de tannin fin qui peut donner aussi bien des vins tendres et digestes que des matières imposantes ; le climat tardif apporte la fraîcheur et parfois une maturation longue ; les arômes les plus fréquents sont les épices, la cerise et la réglisse.

Barbaresco : 100% nebbiolo, dans l’AOP 2ans d’élevage sont requis, le millésime 2014 est inférieur à 2015 lui-même inférieur à 2016 .

Barolo : 100% nebbiolo, dans l’AOP 2ans d’élevage sont requis,  les vignobles sont situés entre 170m d’altitude et 540m ; au-delà ou en-deçà le vin produit est classé en Nebbiolo du Langhe. Il y a deux parties distinctes dans l’appellation : la partie ouest calcaire où la concentration en magnésium et manganèse sont les terroirs qui offrent le plus de potentiel et la partie est plu riche en grès et argile . Les bons millésimes : 2004, 2010 (riche et complet), 2013 et 2016 on ne peut plus classique et traditionnel.

NB : En Barolo comme en Barbaresco des micros terroirs bien distinct se dessinent avec le sol, l’altitude et l’exposition, un peu à la manière du morcellement des climats de Bourgogne ou d’Alsace.

Un grand merci à tous les vignerons qui ont toujours été d’un bon accueil, souriants, conviviaux et professionnels, même quand nous n’avons pas tenu notre timing.

 

DOMAINE VAJRA

Notre première visite du périple chez des vignerons de qualité, l’histoire d’un couple qui a fait grandir cette maison ; ils travaillent en bio. Ils nous ont reçus l’un et l’autre le jour d’un grand repas de famille, respect. Arrivé en 1960, 1ere récolte en 1972, 7 ha de vignes en 1980 ; clones et sélections massales. Aujourd’hui peu de barriques, tout en foudres, cuves inox auto-pigeantes pour une inertie de température proche de celle du béton mais sans en avoir les inconvénients sanitaires ; d’ailleurs, leurs vins sont clairs, nets et précis. En 2020 ont un vignoble de 100 ha et produisent 400 à 600 000 bouteilles par an.

Langhe AOP Riesling 2018 : robe or pâle au reflet vert et lumineux ; nez d’un terroir minéral, végétal et finement épicé. Bouche fraîche, élégante et élancée, droite et persistante avec une salinité que l’on retrouve autant en nez qu’en bouche. Pour moi le blanc qui m’a le plus marqué pendant ces deux jours de dégustation avec le sauvignon de Gaja. Les chardonnays m’ont moins séduit, plus lourd et moins minéraux.

 

DOMAINE GAJA à  Barbaresco

 

Nous avons eu la chance d’être reçus par Angelo Gaja lui-même, grâce à un dossier de présentation des sommeliers de Nice et la persévérance de notre président. Pris entre deux rendez-vous, il a quand même pris le temps de nous faire un master – en français s’il vous plait- présentant le domaine Gaja, la famille, son ambition et ses choix engagés pour la qualité et la recherche de l’expression du terroir au travers d’une viticulture proche de la biodynamie et en recherche de biodiversité. Il y a, dit-il « le savoir, puis le savoir faire, puis le savoir faire faire, et enfin, le faire savoir », des paroles qui montrent l’engagement, le travail accompli depuis des générations et le jusqu’au boutisme du personnage.

Dégustation :

Alteni di Brassica 2018 Campione : un sauvignon 100% ; Robe jaune or pâle de grande brillance, nez puissant, minéral et fumé, très pierre à fusil, du caractère, zist de pamplemousse, maturité du fruit, sureau, croquant, grande persistance. Attaque franche mais pas mordante, rafraichie et allongée par une légère présence de CO², richesse, beaux amers. Le fond de verre est magnifique, concentré.

Barbaresco 2016 : élevage deux ans en fûts de chênes slovènes, autrichiens et français.Robe pinot noir de Bourgogne, légèrement évolué. Nez très poivré (épices chaudes), chaud, mûr et profond ; cerise, bâton de réglisse. Bouche franche et élégante, prend un grand volume et de la puissance avec un milieu de bouche chaleureux, trame de tanins fine et régulière. En conclusion un vin jeune et tendu avec du caractère, qui demande bien sûr un peu de temps d’épanouissement. Serait parfait sur des grillades de viandes.

Conteisa 2014 Barolo DOP : élevage 18 mois de cuve plus fût. Robe plus soutenue, un régal de nez fin et gourmand, surmûri, cerise mûre, réglisse. Bouche ronde, suave et lisse, avec de la souplesse et un volume certain, de la fraîcheur et une grande finesse. Les tanins sont peu résistants et autorise à la fois une dégustation ce jour qu’un vieillissement de 15 ans ; longueur moyenne, les tanins sont superbes.

Sperss 1999 Langhe Nebbiolo DOC : robe intense d’un rubis évolué au liseré brique. Nez gourmand et complexe, exprime caramel, fruits rouges et fruits secs, fraise des bois et cannelle, mande sèche, pâte de fruits, figue. La bouche est fondue et souple, encore tannique et légèrement sèche en finale (on lui pardonne volontiers), retour sur les herbes sèches. En pleine forme, on pourrait encore l’attendre, et le servir sur de la charcuterie fumée, des figatelles.

 

MAISON BERA

Là encore un accueil des plus chaleureux et en toute simplicité. Des produits expressifs, accessibles en dégustation même en jeunesse mais non au détriment de l’identité terroir, et des prix doux. Une dégustation colorée et savoureuse.

Arneïs 2018 : DOC blanc des Langhe ; un très joli vin frais, parfaitement équilibré, légèrement enrobé, délicat, aérien et croquant.

Barbera d’Alba 2015 : robe grenat sombre au reflet rubis ; nez gourmand comme peuvent l’être celui des vins ayant subit une préfermentation à froid, viandé naissant, fraîcheur, un peu syrah, cassis, violette. En bouche rondeur agréable sur le fruit, sans extraction.

Nebbiolo 2016 : nez épicé, gourmand, mûre ; bouche digeste, soyeuse et goûteuse sans être gêné par l’alcool, un vrai plaisir.

Barbaresco « Serrabella » 2016 : grenat un rien évolué, nez subtil et mûr, fraise des bois, confiserie, pâte de fruits noirs, bouche délicate et goûteuse avec un retour épicé. Un vin délicieux et expressif, tout en fruit et élégance, presque du niveau d’un premier cru en Volnay sur une année chaude.

Barbaresco « Rabaja » 2012 : vin plus soyeux avec un peu moins de corps mais une intensité de saveur supérieure avec du potentiel en fin de compte, très bel équilibre. Ces deux derniers vin sont très intéressants.

 

DISTILLERIE ROMANO LEVI

Amateurs de grappa, précipitez-vous et allez visiter la dernière distillerie d’Italie à cuisson directe sous l’alambic, à un seul passage, dont le marc de raisin d’origine est conservé dans un silo en terre profond de dix mètres, à l’ancienne. Ce lieu et ce savoir faire unique vous sera conté passionnément par une personne dévouée à la mémoire de Romano Levi qui, non satisfait de créer un grand choix de marcs haut de gamme, était un artiste accompli jusqu’à la signature de ses étiquettes, qui montrent un style très actuel, un talent mais aussi un humanisme évident. La dégustation est très colorée et surprenante mais mieux vaut la faire proche de son hôtel….Grappa classique élaborée à partir de raisin de Dolcetto, Barbera et Barbaresco, Grappa de Barolo, de Barbareso, de Moscato, de Camomille et différents vermouths.

 

DOMAINE PAOLO SCAVINO : 24 ha

Sorisso Langhe DOC 2018 : 40% chardonnay, 40% sauvignon, 20% viognier. Nez vif, fin et fumé ; végétal et floral, gourmand, pois de senteur. Bouche souple, d’un joli retour acidulé qui donne de la longueur. Expression simple avec un beau support minéral, assemblage harmonieux.

Vino rosso 2018 : (Nebbiolo, Barbera, Dolcetto, Merlot) raisins issus de différentes communes, 14° : robe peu soutenue, nez terroir et calcaire sur les arômes de cerise et fruits à noyau, quelques épices. Bouche soyeuse et digeste avec un grain très fin et rond, longueur moyenne avec une possibilité de garde raisonnable.

Dolcetto d’Alba 2015 : 100% dolcetto, 14,5° : robe légère et peu évoluée, nez bourguignon genre Mercurey, minéral, fruits rouges acidulés, noyau, fumé fin, châtaigne. Attaque souple et soyeuse puis ample avec une saveur intense ; un vin tendre et digeste.

Barolo « Ravera » 2015 : 100% nebbiolo ; robe soutenue, début d’évolution. Nez minéral, animal et même giboyeux, épices chaudes. Bouche souple au grain très fin, pas si tannique avec une impression de gourmandise sans avoir de fruit ; très bel équilibre.

Barolo  « Bric Dël Fiasc » 2015 : 14,5°, 100% nebbiolo, parcelle située au carrefour des deux sols de Barolo : nez plein et complexe, finesse, arômes végétaux, mousse, fruits mûrs, persistance ; à l’aération cerise à l’eau-de-vie. Bouche soyeuse, pleine et fondue mais jeune, finale cacao. Un vin plein de promesses et de complexité.

 

DOMAINE MONGIOIA :

à Santo Stefano Belbo. Les Asti et Asti spumante sont produits à 95% par de grosses sociétés, autant dire que cette maison familiale est rare ; une plantation commencée en 1835, une agriculture bio, des idées plein la tête et des essais multiples en font un domaine à découvrir. Au vu des revues spécialisées, ce couple a produit les meilleurs bulles en frizzante et spumante d’Italie en 2019. La cave est située sur un village perché qui offre une vue embrassant absolument tout l’arc alpin, l’accueil est familial, humble et chaleureux ; la journée commençait bien…

 

Moscato d’Asti « Canelli » : cœur de la gamme : bel or de grande brillance, très peu de résiduel, floral, musqué, bulle fine ; la signature de la maison tout en finesse.

Leonhard : muscat vinifié en vin tranquille, ce muscat blanc est différent du « petits grains » et de l’ « Alexandrie » ; vinifié en cuve à 13°C, 5grammes de sucre résiduel, sans intervention, acidité totale 6,5gr. Robe d’un bel or soutenu. Nez fruité et sucré, un rien poivré, rose, sucre d’orge. Bouche de belle vivacité et rondeur, délicatesse, équilibre parfait pour servir sur du salé, sushi, spaghetti vongole.

Meramentae : muscat brut nature, méthode traditionnelle. Robe pâle de nuance verte. Nez iodé, fumé (pierre à fusil), discret et subtil. En bouche bulle assez fine avec zéro résiduel : accord parfait sur les huîtres

Muscat d’Asti 1999 : robe de miel, nez de vendanges tardives avec ses arômes de mangue et pâte de coing, ananas au caramel blond, voile poivré et toujours ce fumé sous-jacent et un rien de champignon. Bouche délicate, d’un fondu parfait et légère, les 150 gr de sucres résiduels sont très digestes. Un vin magnifique, un bonheur en dentelle, une émotion. Merci monsieur le vigneron.

Moscato d’Asti « Canelli » élevé en amphore pendant 1 an : 5,5° : robe jaune or pâle éclatante  au reflet argent ; joli nez de fruits jaunes et blancs, mélange savamment sucré et acidulé, évolue clairement sur la poire et le jasmin. En bouche bulle extra-fine, on retrouve la subtilité du nez, finale très minérale « poussiéreuse », sucrosité raisonnable.

Moscato d’Asti l’«Astralis » 2017 :5,5°,  robe jaune vert brillante, nez de miel et d’acacia avec des arômes secondaires, de vin de raisin passerillé, belle minéralité. Bulle peu active et caressante, sucrosité de vin demi-sec. Un vin très intéressant pour les accords, chèvre frais, brebis, brousse, produits de la mer.

 

DOMAINE LA SPINETTA

Barbera d’Alba « Gallina »DOC 2016 ; nom de cru, 18 mois de barriques : robe carmin soutenu, nez élégant, riche et sanguin, influencé par le terroir (arômes d’argile), cassis, cacao amer. Bouche ample, beau volume et puissance, tannins solides un peu rustiques, longueur moyenne, élevage marqué, attendre.

Barbera d’Asti DOCG : 85% barbera et 15% autres cépages : grenat sombre, début d’évolution, joli nez riche et mûr, cacao et graphite, cerise, violette et framboise. Attaque souple et ample, plénitude et fraîcheur, tanins plus tendres. Belle bouteille, classique, plaisir.

Barbaresco « Valeirano » 2014 : 14,5°, élevage 20 mois 100% fût neuf chêne français : robe d’un beau rubis, nez puissant et élégant de fruits rouges et noirs rôtis, épices, un boisé bien présent et non encore intégré. Attaque fraîche, puissante et fluide, puis les tanins apparaissent, réguliers, fins et fermes, retour chaleureux, finale sèche, amère, sans doute faut-il encore patienter.

Barolo 2005 (année chaude dans l’AOP) : robe rubis à carmin soutenu, au liseré brique. Le nez semble annoncer une grande stature, frais, viandé, puissant, végétal, notes de mousse et de sous-bois mais aussi, paprika, suie, torréfié. L’attaque souple est vite rattrapée par les tannins, puissante et chaleureuse, beaux amers soutenus en retour, réglisse ; grande longueur et chaleur. L’expression est magnifique et complexe mais les tanins ne fondent pas, j’ai peu d’expérience sur ces grands vins mais je reste dubitatif.

 

DOMAINE SOTTIMANO

Bien qu’il n’y ait plus de flacons à vendre au moment de la visite, la famille Sottimano nous a fait le plaisir de nous accueillir avec leur fille qui, par une dégustation de cinq vins choisis, nous a clairement transmis leur passion du vin, de leur rigueur et de l’authenticité de leurs vins qui passe par une culture bio, des doses minimum de soufre et zéro filtration.  

Barbera d’Alba 2017 (millésime difficile, tempête) : robe trouble, d’un violacé pur ; beau nez net, de framboise, de mousse, finement poivré, belle minéralité. La bouche est tendre aux tanins mûrs, révèle un joli fruit et donc une attention de tous les instants au vu de la qualité du millésime.

Langhe Nebbiolo 2018 : 4 mois de fût. Robe peu soutenue ; le nez est acidulé avec un fruité en finesse, persistance sur la fraîcheur. Attaque soyeuse puis finement structurée ; on perçoit la maîtrise du travail avec évidence : fruit, maturité, finesse, extraction juste. Un vin encore jeune, doté d’un potentiel de vieillissement demi-garde.

Barbaresco « Cottà » 2016 : élevage 18 mois en fûts dont 10% neufs renouvelés tous les 10 ans afin de ne pas marquer le vin. Robe moyennement soutenue, nez expressif, mûr, élégant et profond, exprime le paprika, le marc de raisin, fraîcheur ; on a déjà une idée du potentiel par le nez. La bouche est franche avec un grand volume immédiat, un tissu de tanin superbe, construit pour durer, longueur, retour salivant. Un vin au grand venir, patience.

Barbaresco « Fansoni » 2016 : robe légèrement évoluée, nez précis, de classe, sur les arômes épicé et grillé,d avantage de fruit encore, piment, marc de raisin. La bouche propose moins de volume, est plus digeste, mais possède toujours une structure droite et régulière.

Barbaresco « Cuma » 2014 (millésime de vigneron, pluie au printemps, chaleur en été, puis pluie pendant la récolte, mi-récolte, seulement 2000 bouteilles). Robe d’un beau rubis peu évolué, nez fin et discret de fruits à noyaux, de marc ; bouche soyeuse et facile, une grande finesse de tanins et une acidité palpable mais intégrée participent à une belle longueur en bouche avec un joli retour sur la fraîcheur, équilibre réussi. Attractif et séducteur, ce flacon peut rappeler le millésime 2004 dans quelques régions de France, mi-corps mais dont l’équilibre laisse s’exprimer le terroir.

Barbaresco « Pajero » 2010 : reflet rubis, liseré bientôt brique, nez puissant, alcooleux et persistant, très épicé. En bouche attaque ronde et aimable, tanins de grande qualité avec de la longueur et de l’harmonie. Un gros millésime qui commence à se goûter, il a tout pour lui et même une certaine forme d’élégance.

 

AZIENDA CONTERNO FANTINO

Coucher de soleil sur les monts du Barolo avec toujours le Mont Viso (3800m) en observateur à l’horizon ; accueil fraternel puisque certains parmi nous travaillent avec ce vigneron. Cette maison se distingue par un style de vins typiques, fruités et vinifiés pour être bus sans attendre, avec des tannins ronds et mûrs. Prix doux. Vignoble entre 220 et 500 mètres, ni trop bas, ni trop haut, jamais plein nord. Nous terminons ce périple intense en terre familière avant de reprendre le chemin du retour.

Barbera d’Alba 2018 « Vignota » : robe sombre, nez concentré et gourmand, prune et fruits noirs de belle maturité. Bouche ronde et charnue, un joli fruit sur des tannins mûrs, joli retour acidulé et fruité pour une finale de qualité.

Nebbiolo 2018 « Ginestrino » : jeunes vignes, 9 mois de fût. Robe nette, uniformément colorée, reflet rubis lumineux ; nez net et fruité, sur la mûre et la framboise, évolue sur la menthe, la pâte de framboise. Attaque ronde, chair soutenue par des tanins mûrs et une acidité intégrée, finale salivante, réglissée. Un vin aussi bon que sa robe le laisse supposer.

Langhe rosso « Monpra » 2017 : vignes de 40 ans de 50% barbera et 50% nebbiolo, plein sud, élevage 18 mois de fût 100% neuf. Robe soutenue uniforme et nette. Joli nez expressif, fin et poivré, bois dosé justement, arômes de piment d’Espelette puis à l’aération nez de fruits à maturation aboutie, framboise, mûre, note florale d’iris. Bouche directe, de suite aromatique et puissante, beaucoup de fruit, belle trame de tanins à vieillir, tanins naturels en harmonie avec ceux de la barrique. Un vin solaire et volumineux, façon Roussillon, mais avec l’encépagement local et la manière souple et fruitée de la maison : irrésistible.

Barolo « Castelleto » 2015, vigna pressenda : 18 mois de fût puis 6 mois de foudre puis un an en cuve avant embouteillage. Nez profond et fruité, intense et complexe, montre du caractère, léger viandé. La mâche est importante, les tanins mûrs et serrés ; la bouche est riche et équilibrée, sans fausse note, avec toujours ce retour acidulé intégré parfaitement. Potentiel 20 ans encore et bien du plaisir en perspective.

On termine sur un seigneur, bien représentatif de l’appellation et des possibilités de ce grand terroir, en se disant que nos confrères piémontais ont bien su tirer parti du terroir et de toutes ses nuances. Entre Barolo et Barbaresco, les styles sont tous différents, entre les vins rustiques, voire rébarbatifs à leur jeunesse et ceux qui ont fait le choix d’arrondir les angles des tanins, sans toutefois perdre l’âme du terroir, ils ont tous le potentiel de vieillissement et de haute expression. Ces vallonnements doux du Piémont me font penser à une mer intérieure où chaque vague est différente et les marées se suivent et ne se ressemblent pas. Une chose est sûre, le désir de bien faire est là, la fierté du patrimoine familial l’est tout autant, au même titre que ce principe du bon accueil qui non seulement impose le respect mais aussi nous réchauffe le cœur. 

 

Denis Camel