Photo J Bernard
Romain Iltis n’est pas un grand bavard. Mais dès qu’il s’agit de parler de vin, le visage taillé à la serpe de ce grand gaillard s’anime d’une passion insoupçonnée. Agé de 30 ans, ce Munstérien a été éduqué à la culture des bons produits. Dès sa plus tendre enfance, il traînait dans le fournil de son père boulanger, meilleur ouvrier de France. C’est tout naturellement qu’il a très tôt orienté ses études vers la restauration. « Nourri par l’amour du goût, je voulais d’abord devenir cuisinier, mais une année de spécialisation en sommellerie a joué un rôle déclencheur. » Il débutera sa carrière en cuisine chez Alain Ducasse, puis trouvera une place de sommelier au Chabichou à Courchevel, avant de poser ses valises pendant sept ans à la Verte Vallée à Munster. « C’est Yvon Gautier, mon patron d’alors, qui m’a poussé à me présenter pour la première fois au concours du meilleur sommelier de France en 2006. » Son modèle est, bien entendu, Serge Dubs, le chef sommelier alsacien de l’Auberge de l’Ill (3 macarons Michelin à Illhaeusern), qui fut meilleur sommelier du monde en 1989.
Romain Iltis échouera en demi-finale, de même qu’en 2008, avant d’être finaliste en 2010. Trois échecs qui le feront grandir et progresser, et qui lui permettront, entre-temps, d’être lauréat du 13e Master of Port en 2008 (concours couronnant le meilleur sommelier de France de vins de Porto). Il remportera finalement le concours 2012 qui se tenait le 15 octobre à Marseille au palais du Pharo, coorganisé par l’Union de la sommellerie française et le Comité interprofessionnel des vins de Provence. « Nous avons été particulièrement impressionnés par la progression de Romain au cours de ces six ans », explique David Biraud, chef sommelier au Mandarin Oriental à Paris, vainqueur de l’épreuve en 2002 et membre du jury. « Le concours, qui comporte des épreuves théoriques et pratiques sur deux jours, hisse son niveau à chaque édition afin que les vainqueurs soient aptes à aller défier les sommeliers du monde entier », souligne d’ailleurs Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde 2000, et également membre du jury.
Aujourd’hui, Romain savoure sa victoire à L’Arnsbourg, le restaurant triplement étoilé de Jean-Georges Klein en Moselle. Arrivé comme chef sommelier en mai, c’est à lui désormais qu’il incombe de veiller sur les 800 références de vins figurant à la carte, dont 90 vins alsaciens. « La carte est déjà extraordinaire, mais je souhaiterais pouvoir la compléter pour y apporter ma personnalité. » Son prochain challenge : devenir meilleur ouvrier de France, comme son père.
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